Pensionnat Notre-Dame-de-Lourdes
THÉMATIQUE
Éducation
MILIEU D’APOSTOLAT
École primaire | École secondaire | Pensionnat
ENGAGEMENT
1891-1904 – 1909-1970
LIEU
CANADA | Ontario | Ottawa
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HISTORIQUE DE L’ENGAGEMENT
Dans la première moitié du 19e siècle, bon nombre de marchands et de fonctionnaires francophones de la basse-ville d’Ottawa décident de s’installer hors de la cité, de l’autre côté de la rivière Rideau, dans l’actuel quartier Vanier. Conscient de ce développement autour du chemin Montréal, l’archevêque d’Ottawa, Mgr Joseph-Thomas Duhamel, décide d’y déménager le siège de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes. Il en confie la responsabilité aux Montfortains en 1887.
Appelées en 1891 pour prendre en charge l’enseignement dans la paroisse, les Filles de la Sagesse (FDLS) louent tout d’abord une maison en face de l’église. Malgré l’étroitesse de leur logement, les religieuses acceptent d’héberger quelques élèves éloignées. Ce sacrifice d’espace s’avère nécessaire pour assurer la subsistance des religieuses compte tenu des maigres salaires versés aux enseignantes. Comme elles reçoivent de nombreuses demandes de pension, les FDLS font valoir à l’archevêque la pertinence d’ériger un pensionnat en bonne et due forme, mais Mgr Duhamel n’autorise que la construction d’un plus vaste couvent où les sœurs pourront continuer de recevoir une poignée de fillettes.
En quelques années, le nombre de pensionnaires dépasse tout de même la trentaine. Ces élèves reçoivent désormais une éducation dans des classes aménagées à même le couvent. Les FDLS poursuivent leur mission d’enseignement au couvent Notre-Dame-de-Lourdes jusqu’en 1904. Les autorités générales réquisitionnent alors la maison afin d’y établir le noviciat canadien. Impossible de concilier la nouvelle vocation de la bâtisse avec l’œuvre d’éducation, le pensionnat doit fermer ses portes.
Quelques années plus tard, la pression des familles francophones incite les Filles de la Sagesse à considérer la réouverture du pensionnat. La décision d’ajouter une nouvelle aile de trois étages au bâtiment existant permet d’isoler le noviciat et d’accueillir à nouveau des élèves pour la rentrée de septembre 1909. La ville d’Eastview connaît alors un bel essor et le pensionnat des FDLS profite de cette manne : le nombre de pensionnaires grimpe de 24 en 1910, à plus d’une centaine en 1930. À cette époque, l’école privée reçoit peu d’externes.
Dès la réouverture de l’établissement, les sœurs bonifient le programme bilingue de la province de l’Ontario par des cours de musique, de dessin et de travaux d’aiguille. L’enseignement est offert de la première à la 12e année. Sous la gouverne de Sr Marie Livinec (Édouard du Sacré-Cœur), le pensionnat prospère. Il obtient son affiliation au Conservatoire national de musique et d’élocution de Montréal en 1913, puis en 1921, son affiliation à l’Université d’Ottawa. Avec le temps, les FDLS ajoutent des classes d’enseignement ménager et un cours commercial bilingue à leur arsenal pédagogique. Avec la contribution de religieuses telles Sr Henriette Willot (Madeleine du Rosaire), pour la musique et la peinture, ou encore Sr Amélie Coureau (Élise de Montfort), pour la couture et la broderie, les élèves s’illustrent lors de concerts et d’expositions.
Eastview n’échappe pas au baby-boom de l’après-guerre. En conséquence, le nombre d’inscriptions au pensionnat grimpe en flèche, passant de 175 en 1955 à près de 300 à la fin de la décennie. À partir de 1956, l’école ne reçoit plus que les élèves du secondaire, de la 9e à la 12e année. Alors que les pensionnaires avaient toujours été plus nombreuses que les externes, cette tendance s’inverse alors de façon très nette. En 1960, elles ne forment plus que 30 % du contingent scolaire.
À la fin des années 1950, le pensionnat, en plus d’être trop étroit, n’offre pas tous les équipements modernes nécessaires comme des laboratoires ou un gymnase. Il faut trouver du financement et la décision tarde. Au printemps 1963, la construction commence enfin. L’édifice de brique blanche s’élève sur la rue de l’Église, à deux pas du vieux couvent. Lors de la rentrée de 1964, le nouveau pensionnat est fin prêt pour recevoir les élèves et la trentaine de religieuses nécessaires à la bonne marche de l’établissement. Les arts et la musique continuent de faire la renommée de l’école. Le nombre d’inscriptions atteint son maximum en 1967 avec 607 élèves, dont 120 pensionnaires.
En 1968, le gouvernement ontarien procède à une réforme majeure en éducation : il va désormais subventionner l’enseignement secondaire francophone jusqu’à la 13e année. Une belle victoire pour les Franco-Ontariens. Dans la foulée de cette réforme, les Filles de la Sagesse décident d’abord d’intégrer leur école au réseau d’écoles publiques. Pendant deux ans, la commission scolaire loue les locaux et paie le salaire des enseignantes laïques et religieuses. Sr Jeannette Bouillon (Julien de Montfort), en poste depuis 1959, continue d’assumer la direction de l’établissement. En 1970, la congrégation choisit toutefois de vendre le pensionnat. L’institution prend dès lors le nom d’École secondaire Belcourt et passe aux mains d’une direction laïque. Elle ne reçoit désormais que des externes, garçons et filles. Une vingtaine de FDLS continuent d’y enseigner jusqu’à sa fermeture en 1983.