Mission montfortaine de Matkomnai
THÉMATIQUE
Éducation | Pastorale et liturgie | Santé | Service social
MILIEU D’APOSTOLAT
Mission outre-mer
ENGAGEMENT
1965 – 2009
LIEU
OUTRE-MER | Papouasie-Nouvelle-Guinée | Matkomnai
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HISTORIQUE DE L’ENGAGEMENT
En 1956, les Montfortains canadiens prennent en charge un territoire de mission en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG). La Western Province, surnommée la « province oubliée », englobe de vastes étendues de jungle et de marécages inhospitaliers à la frontière de la Papouasie indonésienne. Le fleuve Fly et ses affluents forment alors le seul réseau de transport de la région. Une population clairsemée vit dans des villages isolés au cœur de la brousse. On y parle plus d’une cinquantaine de langues! À l’arrivée des missionnaires, les habitants n’ont bien souvent jamais vu de personne à la peau blanche. En 1958, les Montfortains installent leur premier poste dans le nord de la province, au cœur du petit port fluvial de Kiunga. À la demande des pères, les Filles de la Sagesse (FDLS) du Canada acceptent la responsabilité de la région. Elles débarquent à Kiunga en 1961 et de là, rayonnent sur un vaste territoire.
En 1964, les trois fondatrices de Matkomnai passent d’abord quelques mois à travailler à Kiunga et à Bosset dans l’attente que la mission soit prête à les recevoir. Il s’agit d’un petit village d’à peine 200 personnes de l’ethnie awin, situé à 40 kilomètres au nord de Kiunga, un site enclavé dans la jungle très difficile d’accès sinon par avion. Lorsque Sr Rachelle Carmel Leblanc (Carmel-Marie de Jésus), supérieure et enseignante, atterrit le 1er juillet pour une visite de reconnaissance, les habitants rencontrent une femme blanche pour la première fois. Elle revient quelques jours plus tard, accompagnée de Sr Huguette Blais (Marie-Marthe de Jésus), infirmière auxiliaire, et de Sr Reina Deschamps (Alice de Saint-Gérard), enseignante spécialisée et vétérante de la Colombie.
Le renouveau du concile Vatican II s’impose aussitôt dans les pratiques missionnaires des religieuses canadiennes et dans la jeune Église locale. Au début, les FDLS doivent compter sur l’aide de traducteurs, mais les sœurs se mettent au motu et à l’aekyom (awin), les langues parlées dans la région. Exhortées par l’évêque des lieux, Mgr Gérard Deschamps, elles adaptent le message évangélique et leur approche à la culture papoue, et impliquent la population dans l’organisation paroissiale et communautaire. Elles jettent ainsi les bases d’engagements durables dans tous les domaines.
Comme dans les autres postes de mission, les religieuses se consacrent d’abord à l’enseignement primaire : 74 élèves dont 15 filles remplissent les deux salles de cours. Bientôt, deux autres classes sont construites, et le personnel enseignant s’enrichit d’une laïque australienne et d’un laïc papouasien. De son côté, Sr Huguette reçoit des patients du matin au soir sur la véranda du couvent. Son premier accouchement a lieu dans la salle de prière. Dès le mois d’août, elle emménage dans son nouveau dispensaire. De plus, les religieuses s’investissent dans la paroisse St. John et, avec le curé, participent aux « patrouilles », des tournées médicales et pastorales dans les villages voisins.
Lorsque le pays accède à l’indépendance, en 1975, l’éducation passe aux mains des Papouasiens. Les FDLS se tournent dès lors vers le travail sociopastoral, surtout auprès des filles et des femmes qui se regroupent au Women’s Club de la mission pour apprendre la couture et les règles d’hygiène. Le ministère de l’Éducation met aussi en place le Community Secondary Education (CSE), un programme d’éducation communautaire moins formel, destiné à outiller les jeunes déjà scolarisés pour la vie adulte : un mélange de matières académiques offert par correspondance, d’enseignement professionnel, de sensibilisation aux arts et traditions papous ainsi que d’activité physique. Les FDLS implantent le CSE dans la plupart de leurs postes.
Au début des années 1980, une route, aménagée et entretenue par une compagnie minière australienne, relie Matkomnai à Kiunga. Moins isolé, le village se développe. Les églises se multiplient. Sr Doris Rodier (Henri-Marie de la Purification), nouvelle infirmière de la mission, et ses collègues papouasiennes du dispensaire profitent d’une maternité moderne, équipée d’une buanderie, de douches et d’une cuisine, financée par le Haut-Commissariat du Canada en Australie. Cependant, les agents de pastorale locaux se font plus rares avec les opportunités d’emplois bien rémunérés créés par la mine. De plus, le nombre de FDLS disponibles pour la PNG diminue et les demandes de l’évêché pour travailler au service diocésain augmentent : le maintien des religieuses à Matkomnai est remis en question à la fin de la décennie. Soucieuses de consolider la mission, des religieuses affectées à d’autres postes s’offrent alors en renfort sur une base ponctuelle. En 1999, les FDLS du Canada transfère la responsabilité de la région de Papouasie-Nouvelle-Guinée au conseil général. Des religieuses canadiennes continuent cependant d’œuvrer à Matkomnai jusqu’en 2009. Sr Denise Hamann (François-Gabriel), qui travaille à la formation des pré-novices papouasiennes, sera la dernière à se retirer.