• Les sœurs de Kiunga traversent une rivière lors d’une patrouille. Papouasie-Nouvelle-Guinée, 1963.

  • Vue de la mission montfortaine de Kiunga. Les FDLS habitent la maison à étage au centre de la photo. Papouasie-Nouvelle-Guinée, vers 1965.

  • Sr Marie-Stella Bernier (Jude de l’Immaculée) avec ses élèves. Kiunga, Papouasie-Nouvelle-Guinée, vers 1965.

  • Sr Lorraine Proulx (Joseph-Marie de Noël), infirmière autorisée, reçoit des médicaments et des fournitures médicales pour le dispensaire. Kiunga, Papouasie-Nouvelle-Guinée, vers 1980.

  • Sr Pierrette Carignan (Hélène de la Merci), infirmière auxiliaire de formation, au Women’s Center de Kiunga. Sr Pierrette périt deux mois plus tard dans l’écrasement de l’avion de la mission, de retour d’une patrouille dans le village Kimbagaip. Papouasie-Nouvelle-Guinée, 1989.

Mission montfortaine de Kiunga

THÉMATIQUE
Éducation  |  Pastorale et liturgie  |  Santé  |  Service de soutien  |  Service social

MILIEU D’APOSTOLAT
Mission outre-mer

ENGAGEMENT
1961 – 2017

LIEU
OUTRE-MER  |  Papouasie-Nouvelle-Guinée  |  Kiunga

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HISTORIQUE DE L’ENGAGEMENT

En 1956, les Montfortains canadiens prennent en charge un territoire de mission en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG). La Western Province, surnommée la « province oubliée », englobe de vastes étendues de jungle et de marécages inhospitaliers à la frontière de la Papouasie indonésienne. Le fleuve Fly et ses affluents forment alors le seul réseau de transport de la région. Une population clairsemée vit dans des villages isolés au cœur de la brousse. On y parle plus d’une cinquantaine de langues! À l’arrivée des missionnaires, les habitants n’ont bien souvent jamais vu de personne à la peau blanche. En 1958, les Montfortains installent leur premier poste dans le nord de la province, au cœur du petit port fluvial de Kiunga.

Afin de répondre aux besoins de la région en santé et en éducation, les pères font appel aux Filles de la Sagesse (FDLS) du Canada qui acceptent la responsabilité de la région. Trois religieuses, avec à leur tête une enseignante rappelée d’Haïti, Sr Albina Génier (Isidore du Sacré-Cœur), s’embarquent pour Kiunga à la fin de 1961. Une petite équipe motivée qui allie jeunesse et expérience. La mission de Kiunga n’est alors qu’un espace en friche où s’élèvent une petite église, la résidence des pères, quelques habitations papoues, constructions traditionnelles en tissage végétal, ainsi qu’une poignée de bâtiments en bois, comme l’école primaire, le pensionnat des garçons, le dispensaire et le couvent des FDLS. À leur arrivée, les religieuses desservent une population de moins de 500 personnes.

Le renouveau du concile Vatican II s’impose rapidement dans les pratiques missionnaires des religieuses canadiennes et dans la jeune Église papouasienne. Les FDLS apprennent le motu, la langue la plus parlée dans la région, de même que le pidgin, une langue simplifiée fondée sur l’anglais, entremêlée de langues papoues, et qui répond aux besoins de communication de base. Au début, elles doivent toutefois faire appel à des traducteurs. Exhortées par l’évêque des lieux, Mgr Gérard Deschamps, elles adaptent le message évangélique et leur approche à la culture papoue, et impliquent la population locale dans l’organisation paroissiale et communautaire.

Sr Estelle Desjardins (Jacques du Calvaire), infirmière autorisée et sage-femme, plonge sans délai dans l’action et aménage un dispensaire dès la réception de pansements et de médicaments. Les patients affluent des villages voisins. Malaria, pneumonie, abcès, dysenterie et blessures aux pieds constituent les affections les plus courantes. Sr Estelle donne aussi un coup de main à la maternité du petit hôpital public. Débordée, elle n’hésitera pas à former des jeunes de Kiunga, parmi les plus instruits, pour l’assister. En éducation, la rentrée scolaire a lieu en février 1962. Les enseignantes accueillent une soixantaine d’élèves, en majorité des garçons, dans un pays où l’éducation des filles n’est pas valorisée. L’année suivante, les inscriptions doublent. En compagnie du curé, les religieuses participent aussi aux « patrouilles », des tournées de visite médicale et pastorale dans les villages voisins. De plus, elles commencent à superviser le travail d’employés papous à la cuisine, à la buanderie et à l’entretien ménager. Arrivée en 1980, Sr Annie Langlois (Marie-René de l’Assomption) poursuit ce mandat. Jusqu’à son départ en 2003, elle forme une vingtaine de jeunes femmes dans ces tâches de soutien. Fortes de cet apprentissage, certaines d’entre elles trouveront des emplois mieux rémunérés à l’hôtel du village.

En 1968, les FDLS inaugurent un pensionnat pour accueillir des filles « recrutées » lors de leurs patrouilles. Cependant, au milieu des années 1970, l’expérience missionnaire en éducation formelle prend fin avec l’indépendance de la Papouasie-Nouvelle-Guinée : les écoles sont remises aux Papouasiens. Les FDLS vont dès lors mettre l’accent sur le travail sociopastoral. Ainsi, Sr Imelda Benoît (Imelda de Saint-François), une enseignante arrivée en PNG en 1962, lance un club de couture, le Women’s Club, où elle enseigne d’abord les rudiments de la confection. Petit à petit, le club devient un véritable centre pour les femmes, équipé de tables et de machines à coudre, mais aussi d’une cuisine pour l’enseignement culinaire. De plus, afin d’occuper et d’instruire les enfants qui accompagnent leur mère, le centre propose un cours préscolaire donné par de jeunes femmes scolarisées. Sr Imelda dirigera le Women’s Club jusqu’en 1994.

Ateliers pour femmes et formation de catéchètes dans les villages éloignés, centre d’éducation communautaire pour les jeunes, formation d’agents de pastorale, alphabétisation et promotion des langues tribales, coordination des services de santé et de pastorale dans le diocèse de Daru-Kiunga, soins et soutien aux personnes atteintes du VIH/Sida, travail auprès d’enfants atteints d’un handicap : les initiatives portées par les FDLS de Kiunga se multiplient et s’ajustent aux besoins de leur société d’adoption au fil des décennies. Comme dans tous les centres de mission qu'elles ouvriront en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les sœurs ne cessent de former la relève, qu’elle soit laïque ou religieuse.

En 1999, les FDLS du Canada transfère la responsabilité de la région au conseil général. Plusieurs religieuses canadiennes continuent cependant d’y travailler. La ferme Emmaüs constitue une des initiatives les plus récentes de la congrégation à Kiunga. Ce projet diocésain, initié en 2008 par Sr Aurore Gagnon (Pauline-Marie de l’Immaculée), missionnaire en PNG de 1968 à 2010, et par Heather Page Benne, une Australienne, vise à venir en aide aux jeunes hommes défavorisés de la région. La ferme peut accueillir une vingtaine de personnes. Les participants développent des habiletés reliées aux travaux de la ferme et reçoivent une éducation à l’économie, tout en mettant en œuvre des pratiques agraires durables.

Sr Pierrette Gagnon (Danielle du Bon-Pasteur) est la dernière FDLS canadienne à quitter la mission de Kiunga en 2017. Jeune enseignante de 25 ans à son arrivée en 1966, elle aura touché à tous les champs d’apostolat. À part un mandat de 6 ans comme conseillère générale, elle a passé près de 45 ans dans la région. En tout, 54 FDLS canadiennes ont œuvré dans la Western Province de PNG, jetant les bases d’engagements durables qui se poursuivent bien au-delà de leur présence.

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